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Le cubo-futurisme jazzy de Demuth

par Pierre Fresnault-Deruelle

Le cubo-futurisme jazzy de Demuth
  • Titre de l'oeuvre: Rue du singe qui pêche
  • Artiste: Charles Demuth
  • Date: 1921
  • Type: huile sur toile
  • Dimension: 53,3 x 41,9 cm
  • Localisation: Terra Museum of American Art - Chicago.
  • Crédit de l'image: ©Wiki Art/ domaine public

BIOGRAPHIE

Pierre Fresnault-Deruelle est ex-Professeur à Paris 1 (sémiologie de l’image). Il est  désormais membre coopté  du groupe INTRU (Interactions, transferts, ruptures  artistiques et culturels) de l’Université François –Rabelais de Tours.  Il a  fondé le MUCRI en 1999, écrit une vingtaine de livres, dont L’éloquence des images, PUF, 1993,  Intelligence des affiches,  Editions Pyramyd, 2011, Hergéologie, Presses universitaires François-Rabelais,  2013. Il prépare une livre sur Edgar-Pierre jacobs et un autre sur l’iconographie politique.

PAR LE MêME AUTEUR

Un ukiyo-é occidental

Cet inaudible cri qui nous assaille

Préséances

L’esprit des salons

L'embrasure fait le spectacle

Un balcon sur la mer

La cécité d’Holopherne

Lamento

Contrepoint

Photographie peinte

Une vaste salle d’attente

Une impassabilité de façade

Le grand absent

Cette jambe qui dépasse

Un éloge en forme d’ "icone"

Le gandin mélancolique

La couleur du temps

La diagonale

L’instant qui conte

Pas la vue, la vision : l’entrevision même

La laideur n’est pas inéluctable

Le mur ou la peinture séparée d’avec elle-même

L'immobile intranquillité de Jésus

Bacchanales

La conjoncture, forme supérieure de la conjonction

L'oeil du diadème

Du physique au méta-physique

La Loire

La barque bien menée

La réinvention de Gradiva

Le bout du monde

L’ange, comme en retrait

Le spectacle est aussi dans la salle

D’impassibles machines

Le surréalisme souriant de René Rimbert

La pesanteur et la grâce

Chambre avec vue sur rien

Surprise

Abscisses et ordonnées

Le bout du monde

Le testament d'Orphée

Ligéria ou le lit du fleuve

Soleil noir

Algorithme

Basse tension

Un tableau vivant

2500 ans avant le cinéma

La lune décrochée

La pesanteur et la grâce

Une bien profane icône

Une carte postale avant la lettre

Austère et jubilatoire

Le noeud rose

Entre-deux

Le mille-têtes

Le livre qui tombe

L'étendue du désastre

Le cubo-futurisme jazzy de Demuth

par Pierre Fresnault-Deruelle


Le son passage à Paris, Demuth rapporte ce sujet, qu’il peint – à l’huile – en 1921. Cette année-là est celle où l’artiste s’affirme dans un style qu’on appellera « précisionniste », style qui culminera un peu plus tard avec My Egypt, 1927, ou Chimney and Water Tower, 1931. Avec Rue du singe qui pêche, Demuth affiche un goût prononcé pour les épures et les formes architecturales minutieusement délinéées. Mais il n’est pas seul en ce domaine où s’illustrent, aussi, des gens comme Charles Sheeler, Elsie Driggs ou Ralston Crawford. Parallèlement à cette veine, majeure chez lui, Demuth exploite l’aquarelle, technique grâce à laquelle l’artiste nous offre des natures mortes (des fleurs, notamment), mais aussi des scènes de cirque ou de cabaret (Vaudeville Musicians, 1917, Two Acrobats, 1928), voire des scènes de genre homosexuelles (Turkish Bath, 1915, Four males figures, 1930). Dans ce cas, le côté « flottant », un rien « noyé » de ses motifs n’a d’égal que la sensualité alanguie de ses sujets.

En fort contraste avec ses aquarelles – « dionysiaques » -, la peinture à l’huile, chez Demuth, correspond d’évidence au côté apollinien de l’artiste. Avec Rue du singe qui pêche, que sa facture rapproche de l’art « mécanique » européen, notamment le futurisme italien ou le cubisme français, l’artiste présente la vue d’une rue typique du Paris des années 20. Attachant spectacle que celui de cet étroit city-scape où règnent les obliques et où, pourtant, rien n’est de guingois (rien à voir avec l’expressionnisme). Les lignes-frontières des objets épurés, qui se croisent avec les rayons de lumière, pareils à des « pinceaux » de projecteurs, mathématisent un monde dont c’est peu de dire qu’il est une fête pour l’oeil géomètre.

La rigueur des formes, alliée au traitement homogène de plages, tantôt claires, tantôt soutenues (mais aux tons assourdis), et que Demuth rassemble dans une composition où règne la recherche des camaïeux, font de Rue du singe qui pêche une sorte de marqueterie où s’exalte un goût constructiviste adouci, qui tranche avec les propositions radicales de l’avant-garde européenne.

A l’instar de ses alter ego précisionnistes (encore appelés Immaculates), Demuth bannit l’humain au seul profit de l’architecture. Rien d’inquiétant, cependant. Le jeu fantaisiste des enseignes auxquelles Demuth donne la forme de supports arrondis (eux-mêmes prolongés par les courbes musicales du bas du tableau) anime l’image à la manière d’une bande dessinée. Comme si les enseignes étaient des phylactères, comme si, encore, la rue mêlait ses rumeurs en une sorte de symphonie jazzy. « Cet américain à Paris » que fut un moment Demuth n’a pas toujours la légèreté qui est ici la sienne : Incense of a New Church (1921), ou Buildings (1931) sont des œuvres où la pensée du Machine Age emmène Demuth vers une célébration virile de son pays. Rue du Singe qui pêche (d’un format plus modeste), en revanche, nous offre une tableau où l’austérité, mêlée à une certaine fantaisie, fait de cette rue un paysage urbain fort séduisant. Les Arts Déco ne sont pas loin.

Auteur : Pierre Fresnault-Deruelle

BIOGRAPHIE

Pierre Fresnault-Deruelle est ex-Professeur à Paris 1 (sémiologie de l’image). Il est  désormais membre coopté  du groupe INTRU (Interactions, transferts, ruptures  artistiques et culturels) de l’Université François –Rabelais de Tours.  Il a  fondé le MUCRI en 1999, écrit une vingtaine de livres, dont L’éloquence des images, PUF, 1993,  Intelligence des affiches,  Editions Pyramyd, 2011, Hergéologie, Presses universitaires François-Rabelais,  2013. Il prépare une livre sur Edgar-Pierre jacobs et un autre sur l’iconographie politique.

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