Your browser does not support JavaScript!
Logo Mucri
↑
Faire une recherche dans le site Mucri
Logo Mucri
  • Accueil
  • À propos
  • Contribuer

Austère et jubilatoire

par Pierre Fresnault-Deruelle

Austère et jubilatoire
  • Titre de l'oeuvre: 7 x 7
  • Artiste: R. Jovan Zec
  • Date: 2003
  • Type: Acrylique
  • Dimension: 100 x 81 cm
  • Localisation: Collection de l'auteur
  • Crédit de l'image: ©

BIOGRAPHIE

Pierre Fresnault-Deruelle est ex-Professeur à Paris 1 (sémiologie de l’image). Il est  désormais membre coopté  du groupe INTRU (Interactions, transferts, ruptures  artistiques et culturels) de l’Université François –Rabelais de Tours.  Il a  fondé le MUCRI en 1999, écrit une vingtaine de livres, dont L’éloquence des images, PUF, 1993,  Intelligence des affiches,  Editions Pyramyd, 2011, Hergéologie, Presses universitaires François-Rabelais,  2013. Il prépare une livre sur Edgar-Pierre jacobs et un autre sur l’iconographie politique.

PAR LE MêME AUTEUR

Un ukiyo-é occidental

Cet inaudible cri qui nous assaille

Préséances

Le cubo-futurisme jazzy de Demuth

L’esprit des salons

L'embrasure fait le spectacle

Un balcon sur la mer

La cécité d’Holopherne

Lamento

Contrepoint

Photographie peinte

Une vaste salle d’attente

Une impassabilité de façade

Le grand absent

Cette jambe qui dépasse

Un éloge en forme d’ "icone"

Le gandin mélancolique

La couleur du temps

La diagonale

L’instant qui conte

Pas la vue, la vision : l’entrevision même

La laideur n’est pas inéluctable

Le mur ou la peinture séparée d’avec elle-même

L'immobile intranquillité de Jésus

Bacchanales

La conjoncture, forme supérieure de la conjonction

L'oeil du diadème

Du physique au méta-physique

La Loire

La barque bien menée

La réinvention de Gradiva

Le bout du monde

L’ange, comme en retrait

Le spectacle est aussi dans la salle

D’impassibles machines

Le surréalisme souriant de René Rimbert

La pesanteur et la grâce

Chambre avec vue sur rien

Surprise

Abscisses et ordonnées

Le bout du monde

Le testament d'Orphée

Ligéria ou le lit du fleuve

Soleil noir

Algorithme

Basse tension

Un tableau vivant

2500 ans avant le cinéma

La lune décrochée

La pesanteur et la grâce

Une bien profane icône

Une carte postale avant la lettre

Le noeud rose

Entre-deux

Le mille-têtes

Le livre qui tombe

L'étendue du désastre

Austère et jubilatoire

par Pierre Fresnault-Deruelle


Ce quadrilatère peuplé de fenêtres à meneaux nous vient de Byzance ; d’une Byzance, du temps de sa splendeur, lorsque l’Empereur, se souvenant de Rome, quadrillait le terrain des signes de sa puissance. Face à ce grand carré précieux, dont on pourrait dire qu’il évoque aussi bien le plan d’un camp de légionnaires que … le motif brodé de quelque chasuble, nous sommes tenus de prendre nos marques : on n’affronte pas un tel tableau sans un peu d’appréhension. La rigueur et la géométrie somment, silencieusement, le regardeur de se faire contemplateur. De fait, gagné sur la nuit qui en exalte la luminescence, c’est d’un espace sacré qu’il est question.

Le strict compartimentage de la composition, qui érige la répétition au rang du principe de constance ( à l’exception, on le verra, d’un détail) signifie que l’idée de variation a été bannie au seul profit de celle d’un certain ordre, dont Le Corbusier disait que sa perception confinait à la plus haute délectation de l’esprit humain.

Linéairement, ces minces croix rouges, qui se détachent sur ces cadrans noirs uniformément sertis d’or, ont quelque chose de la monotonie des litanies, proférées encore et encore.Tabulairement, l’ensemble forme bloc, comme forment bloc les temples chargés, en nous édifiant, de manifester la densité des dogmes (voyez les cathédrales ou les pyramides). Au sens premier du terme, cette œuvre est ortho-doxe.

Ce tableau fait de nous des « profanes », à savoir des spectateurs restés sur le seuil d’un lieu dédié à la Divinité. D’où il apparaît que la bande noire du bas de l’œuvre est notre marche pied. Il est pourtant possible de considérer cette acrylique de Jovan R. Zec sans faire le lien avec la tradition de l’Eglise d’Orient. Car cette toile prolonge à sa façon la lignée des grands formalistes abstraits qui, durant tout le XX° siècle, travaillent à l’avènement d’un art « monumental ». S’il fallait trouver une sensibilité artistique à laquelle rattacher cette toile, on mentionnerait volontiers le néo plasticisme de Mondrian. Le hollandais, intuitif et idéaliste (aux antipodes du hongrois Vasarely, matérialiste et programmatique), développe, en effet, une mystique de la géométrie qui n’est pas étrangère aux recherches rythmiques de Zec, dont ce tableau est à notre sens emblématique.

Nous signalions plus haut la discrète présence d’un élément insolite dans cette icône : ce petit carré bleu en bas à droite de la composition. Pareille à l’unique pièce allumée d’un immeuble où l’obscurité se serait étendue, le petit carré bleu introduit une contre-pointe d’humour dans cet ensemble grave. Comme s’il s’était agi, malicieusement, de faire sa part à l’exception : en l’occurrence, de lever l’hypothèque de l’esprit de système. Dans ses réflexions sur sa pratique, Aurélie Nemours dit que le mouvement est boiteux (qui) ne tient pas devant la tension qui porte l’immobile. Nous ne saurions mieux dire de cette œuvre de Zec, chez qui la croix, partout affirmée, est l’Alpha et l’Oméga de sa composition.

Auteur : Pierre Fresnault-Deruelle

BIOGRAPHIE

Pierre Fresnault-Deruelle est ex-Professeur à Paris 1 (sémiologie de l’image). Il est  désormais membre coopté  du groupe INTRU (Interactions, transferts, ruptures  artistiques et culturels) de l’Université François –Rabelais de Tours.  Il a  fondé le MUCRI en 1999, écrit une vingtaine de livres, dont L’éloquence des images, PUF, 1993,  Intelligence des affiches,  Editions Pyramyd, 2011, Hergéologie, Presses universitaires François-Rabelais,  2013. Il prépare une livre sur Edgar-Pierre jacobs et un autre sur l’iconographie politique.

PAR LE MêME AUTEUR

Un ukiyo-é occidental

Cet inaudible cri qui nous assaille

Préséances

Le cubo-futurisme jazzy de Demuth

L’esprit des salons

L'embrasure fait le spectacle

Un balcon sur la mer

La cécité d’Holopherne

Lamento

Contrepoint

Photographie peinte

Une vaste salle d’attente

Une impassabilité de façade

Le grand absent

Cette jambe qui dépasse

Un éloge en forme d’ "icone"

Le gandin mélancolique

La couleur du temps

La diagonale

L’instant qui conte

Pas la vue, la vision : l’entrevision même

La laideur n’est pas inéluctable

Le mur ou la peinture séparée d’avec elle-même

L'immobile intranquillité de Jésus

Bacchanales

La conjoncture, forme supérieure de la conjonction

L'oeil du diadème

Du physique au méta-physique

La Loire

La barque bien menée

La réinvention de Gradiva

Le bout du monde

L’ange, comme en retrait

Le spectacle est aussi dans la salle

D’impassibles machines

Le surréalisme souriant de René Rimbert

La pesanteur et la grâce

Chambre avec vue sur rien

Surprise

Abscisses et ordonnées

Le bout du monde

Le testament d'Orphée

Ligéria ou le lit du fleuve

Soleil noir

Algorithme

Basse tension

Un tableau vivant

2500 ans avant le cinéma

La lune décrochée

La pesanteur et la grâce

Une bien profane icône

Une carte postale avant la lettre

Le noeud rose

Entre-deux

Le mille-têtes

Le livre qui tombe

L'étendue du désastre

ARTICLES CONNEXES

Austère et jubilatoire

Abscisses et ordonnées

Minimal

Un quasi-décor de décors

Manufacture de papier en Auvergne

Marie-Françoise Plissart

La laideur n’est pas inéluctable

Le génie du peuple romain

Une impassabilité de façade

La ville en sursis

Rue à Rome

Le sablier

Intérieur de manoir

Le visible par défaut

De nulle part

The Dance of nothing (en trois mouvements)

Le cubo-futurisme jazzy de Demuth

MUCRI

Université Paris 1, UFR 04,
53 rue des Bergers,
75015 Paris
Plan du site

  • Plan du site
  • Mentions légales
  • Crédits
  • Univ. Paris 1
  • MMI