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Photographie peinte

par Pierre Fresnault-Deruelle

Photographie peinte
  • Titre de l'oeuvre: Dans la grande galerie
  • Artiste: Georges Leroux
  • Date: fin des années 50
  • Type: Huile sur toile

BIOGRAPHIE

Pierre Fresnault-Deruelle est ex-Professeur à Paris 1 (sémiologie de l’image). Il est  désormais membre coopté  du groupe INTRU (Interactions, transferts, ruptures  artistiques et culturels) de l’Université François –Rabelais de Tours.  Il a  fondé le MUCRI en 1999, écrit une vingtaine de livres, dont L’éloquence des images, PUF, 1993,  Intelligence des affiches,  Editions Pyramyd, 2011, Hergéologie, Presses universitaires François-Rabelais,  2013. Il prépare une livre sur Edgar-Pierre jacobs et un autre sur l’iconographie politique.

PAR LE MêME AUTEUR

Un ukiyo-é occidental

Cet inaudible cri qui nous assaille

Préséances

Le cubo-futurisme jazzy de Demuth

L’esprit des salons

L'embrasure fait le spectacle

Un balcon sur la mer

La cécité d’Holopherne

Lamento

Contrepoint

Une vaste salle d’attente

Une impassabilité de façade

Le grand absent

Cette jambe qui dépasse

Un éloge en forme d’ "icone"

Le gandin mélancolique

La couleur du temps

La diagonale

L’instant qui conte

Pas la vue, la vision : l’entrevision même

La laideur n’est pas inéluctable

Le mur ou la peinture séparée d’avec elle-même

L'immobile intranquillité de Jésus

Bacchanales

La conjoncture, forme supérieure de la conjonction

L'oeil du diadème

Du physique au méta-physique

La Loire

La barque bien menée

La réinvention de Gradiva

Le bout du monde

L’ange, comme en retrait

Le spectacle est aussi dans la salle

D’impassibles machines

Le surréalisme souriant de René Rimbert

La pesanteur et la grâce

Chambre avec vue sur rien

Surprise

Abscisses et ordonnées

Le bout du monde

Le testament d'Orphée

Ligéria ou le lit du fleuve

Soleil noir

Algorithme

Basse tension

Un tableau vivant

2500 ans avant le cinéma

La lune décrochée

La pesanteur et la grâce

Une bien profane icône

Une carte postale avant la lettre

Austère et jubilatoire

Le noeud rose

Entre-deux

Le mille-têtes

Le livre qui tombe

L'étendue du désastre

Photographie peinte

par Pierre Fresnault-Deruelle


Vers la fin des années 50, Georges Leroux peint Dans la grande Galerie. Ce faisant, l’artiste annonce les hyperrréalistes. Ce rapprochement, cependant, se révèle impertinent, dans la mesure où ce tableau a peu de choses à voir l’aspect lisse et glacé des «photographies peintes» d’un Ralph Goings ou d’un Richard Estes. Si Dans la grande Galerie du Louvre est un tableau dont le sujet doit, certes, aux clichés des chasseurs d’images, l’on comprend vite que cette huile mise d’abord sur l’anachronisme qui ne manque pas de se produire entre le sujet (moderne) de la toile et le classicisme de sa facture. D’où il ressort que Georges Leroux n’est pas tant le devancier des hyperréalistes que l’héritier d’Edward Hopper.

L’analyse nous mène à comprendre que ce tableau repose en fait sur une sorte de déni ou plutôt d’antilogie1puisque la composition de Georges Leroux fait mine de n’être pas composée, ce qui est une contradiction dans les termes ! A n’en point douter le propos visé par le peintre relève de la gageure, qui veut que son image soit une dispositio au sens classique du terme (présupposant l’idée de cadre) alors que, dans l’esprit de Leroux, l’esthétique de l’écran (cadrage) doit malgré tout prévaloir. Que penser de ce désaccord assumé ?

On sait que, durant la seconde moitié du XIX° s., peinture et photographie 2 connaissent des moments conflictuels, mais que, chacun des deux modes de représentation ayant trouvé ou retrouvé ses marques, la polémique s’est, soit éteinte, soit transformée en instance d’appréciation critique. Ainsi, au XX°s., les peintres Le Gac et Hucleux reprennent-ils une part de son bien à « l’écriture de la lumière », tandis que les photographes Christian Milovanoff ou Martine Franck célèbrent à leur façon l’atmosphère des grands musées. Notre artiste, lui aussi, participe de cet entre -deux où s’illustrèrent aussi bien les pictorialistes d’antan que s’exposent aujourd’hui certains «clichéistes», tel Georges Leroux. De la «peinture continuée» des uns à la «photographie réinventée» des autres s’opère un passage que Dans la grande galerie du Louvre , précisément, incarne de manière confondante.

Cette toile est un palimpseste où vient, entre autres, affleurer cette vision d’Hubert Robert imaginant, à la fin des Lumières, que le célèbre palais parisien, un jour, ne sera plus que ruines à l’instar de ce que sont devenus, pour nous, les monuments de l’ancienne Rome. Sa vue de la Grande Galerie du Louvre au plafond effondré est une rêverie dont la vraisemblance nous trouble fort, puisque nous savons notre civilisation mortelle. Par contraste, éclate chez Leroux l’idée euphorique du culte de la conservation, autrement dit l’idée de la disparition conjurée des chefs-d’œuvre (le grand Louvre, à cet égard, est un comble en la matière).On ne saurait taire, pourtant, ceci : au-delà de cette foule, les hérauts de Caravage3, de Bernardino Luini 4 , ou de Vinci5, font tapisserie, qui observent l’étrange déambulation de ces visiteurs, pour la plupart distraits ou incurieux. Il est vrai qu’en principe un abîme sépare La Belle Ferronnière de ces promeneurs, dont les mondes respectifs, jamais ne se croiseront, mais que le peintre s’est ironiquement ingénié à rapprocher. Seule, la petite fille en rouge – petite Euménide6 qui ne dit pas son nom – est intriguée par ce qui se passe. Elle regarde le peintre/photographe qui fixe la scène et comprend sans comprendre que ces grandes figures tutélaires peuplant les murs ainsi que ces individus venus leur rendre un vague culte un dimanche après-midi, c’est tout un. Ou plutôt que, parmi tous ces fantômes, les plus inconsistants ne sont peut-être pas ceux qu’on croit.

Auteur : Pierre Fresnault-Deruelle

BIOGRAPHIE

Pierre Fresnault-Deruelle est ex-Professeur à Paris 1 (sémiologie de l’image). Il est  désormais membre coopté  du groupe INTRU (Interactions, transferts, ruptures  artistiques et culturels) de l’Université François –Rabelais de Tours.  Il a  fondé le MUCRI en 1999, écrit une vingtaine de livres, dont L’éloquence des images, PUF, 1993,  Intelligence des affiches,  Editions Pyramyd, 2011, Hergéologie, Presses universitaires François-Rabelais,  2013. Il prépare une livre sur Edgar-Pierre jacobs et un autre sur l’iconographie politique.

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