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Ligéria ou le lit du fleuve

par Pierre Fresnault-Deruelle

Ligéria ou le lit du fleuve
  • Titre de l'oeuvre: Le jardin de la France
  • Artiste: Max Ernst
  • Date: 1962
  • Type: Huile sur bois
  • Dimension: 144 x 168 cm
  • Localisation: Musée national d'Art Moderne, Centre George Pompidou - Paris
  • Crédit de l'image: ©ADAGP

BIOGRAPHIE

Pierre Fresnault-Deruelle est ex-Professeur à Paris 1 (sémiologie de l’image). Il est  désormais membre coopté  du groupe INTRU (Interactions, transferts, ruptures  artistiques et culturels) de l’Université François –Rabelais de Tours.  Il a  fondé le MUCRI en 1999, écrit une vingtaine de livres, dont L’éloquence des images, PUF, 1993,  Intelligence des affiches,  Editions Pyramyd, 2011, Hergéologie, Presses universitaires François-Rabelais,  2013. Il prépare une livre sur Edgar-Pierre jacobs et un autre sur l’iconographie politique.

PAR LE MêME AUTEUR

Un ukiyo-é occidental

Cet inaudible cri qui nous assaille

Préséances

Le cubo-futurisme jazzy de Demuth

L’esprit des salons

L'embrasure fait le spectacle

Un balcon sur la mer

La cécité d’Holopherne

Lamento

Contrepoint

Photographie peinte

Une vaste salle d’attente

Une impassabilité de façade

Le grand absent

Cette jambe qui dépasse

Un éloge en forme d’ "icone"

Le gandin mélancolique

La couleur du temps

La diagonale

L’instant qui conte

Pas la vue, la vision : l’entrevision même

La laideur n’est pas inéluctable

Le mur ou la peinture séparée d’avec elle-même

L'immobile intranquillité de Jésus

Bacchanales

La conjoncture, forme supérieure de la conjonction

L'oeil du diadème

Du physique au méta-physique

La Loire

La barque bien menée

La réinvention de Gradiva

Le bout du monde

L’ange, comme en retrait

Le spectacle est aussi dans la salle

D’impassibles machines

Le surréalisme souriant de René Rimbert

La pesanteur et la grâce

Chambre avec vue sur rien

Surprise

Abscisses et ordonnées

Le bout du monde

Le testament d'Orphée

Soleil noir

Algorithme

Basse tension

Un tableau vivant

2500 ans avant le cinéma

La lune décrochée

La pesanteur et la grâce

Une bien profane icône

Une carte postale avant la lettre

Austère et jubilatoire

Le noeud rose

Entre-deux

Le mille-têtes

Le livre qui tombe

L'étendue du désastre

Ligéria ou le lit du fleuve

par Pierre Fresnault-Deruelle


Max Ernst, qui a repéré chez le complaisant Cabanel une Vénus maniérée à souhait, a détouré puis transporté cette dernière dans sa toile intitulée Le Jardin de la France. A l’instar de Man Ray qui, avec Le violon d’Ingres, moque l’art bourgeois autant qu’il célèbre Kiki de Montparnasse, Max Ernst déconstruit un tableau autrefois révéré pour mieux élaborer le sien : l’exigeant surréaliste qu’il est devenu n’a pas renié le facétieux dadaïste qu’il fut.

Ajoutant à l’érotisme du corps de Vénus qu’il a partiellement masqué, l’artiste a voulu qu’apparaisse, enroulé au dessus du genou droit de la belle, l’anneau d’un serpent. Lové contre le corps de la déesse, le reptile nous signifie que la déesse-fleuve est heureuse d’avoir succombé à la chair ! Vénus est donc Eve, mais, elle est encore Ligeria en bordure de laquelle le peintre s’est installé ( à Huismes, près de Chinon) en compagnie de Dorothea Tanning, la femme qu’il aime.

Se confondant presque avec la forme et les couleurs d’une bande de terre séparant la Loire de son affluent, l’Indre, cette jeune géante se présente comme l’allégorie la mieux trouvée qui soit. Ligeria, réactive en effet le fantasme qui, toujours, voulut que les artistes fissent du corps féminin une géographie amoureuse. Voyez la rime plastique créée par le peintre entre la courbe supérieure du fleuve et la hanche de la déesse-fleuve. Le titre du tableau : Le jardin de la France, ajoute évidemment à la mythification de l’œuvre dans la mesure où ce hortus conclusus réinvente, pour qui veut la rêver, cette Touraine indolente et rabelaisienne, que coururent les rois et chantèrent les écrivains.

Cette « carte du tendre » est un collage si l’on admet – comme l’artiste nous y invite – que le collage est une affaire non pas de colle mais de réarrangement ; ou, si l’on veut, de déplacement au sens symboliste du terme. En l’occurrence, Cabanel a prêté son anadyomène à Max Ernst pour qu’il l’intègre dans un nouvel environnement (une carte) en regard duquel l’incongruité se lit également comme le plus heureux des lapsus. Le mot « lapsus » désigne ce qui tombe. Or tout se passe comme si Vénus, tombée d’un tableau (celui de Cabanel), s’était retrouvée dans un autre (celui d’ Ernst), n’ayant rien à voir avec ce que le peintre pompier avait pu imaginer. Ce Jardin de la France, autant qu’un trait d’esprit est une sorte de précipité visuel où l’humour (le sens de l’à propos) se marie le mieux du monde à l’éloge de la volupté.

Auteur : Pierre Fresnault-Deruelle

BIOGRAPHIE

Pierre Fresnault-Deruelle est ex-Professeur à Paris 1 (sémiologie de l’image). Il est  désormais membre coopté  du groupe INTRU (Interactions, transferts, ruptures  artistiques et culturels) de l’Université François –Rabelais de Tours.  Il a  fondé le MUCRI en 1999, écrit une vingtaine de livres, dont L’éloquence des images, PUF, 1993,  Intelligence des affiches,  Editions Pyramyd, 2011, Hergéologie, Presses universitaires François-Rabelais,  2013. Il prépare une livre sur Edgar-Pierre jacobs et un autre sur l’iconographie politique.

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