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Du physique au méta-physique

par Pierre fresnault-Deruelle

Du physique au méta-physique
  • Titre de l'oeuvre: Le ravissement de saint Paul
  • Artiste: Nicolas Poussin
  • Date: 1649-1650
  • Type: Huile sur toile
  • Dimension: 148 x 120 cm
  • Localisation: Musée du Louvre - Paris
  • Crédit de l'image: ©musée du Louvre/ A. Dequier&M. Bard

BIOGRAPHIE

Pierre Fresnault-Deruelle est ex-Professeur à Paris 1 (sémiologie de l’image). Il est  désormais membre coopté  du groupe INTRU (Interactions, transferts, ruptures  artistiques et culturels) de l’Université François –Rabelais de Tours.  Il a  fondé le MUCRI en 1999, écrit une vingtaine de livres, dont L’éloquence des images, PUF, 1993,  Intelligence des affiches,  Editions Pyramyd, 2011, Hergéologie, Presses universitaires François-Rabelais,  2013. Il prépare une livre sur Edgar-Pierre jacobs et un autre sur l’iconographie politique.

PAR LE MêME AUTEUR

Un ukiyo-é occidental

Cet inaudible cri qui nous assaille

Préséances

Le cubo-futurisme jazzy de Demuth

L’esprit des salons

L'embrasure fait le spectacle

Un balcon sur la mer

La cécité d’Holopherne

Lamento

Contrepoint

Photographie peinte

Une vaste salle d’attente

Une impassabilité de façade

Le grand absent

Cette jambe qui dépasse

Un éloge en forme d’ "icone"

Le gandin mélancolique

La couleur du temps

La diagonale

L’instant qui conte

Pas la vue, la vision : l’entrevision même

La laideur n’est pas inéluctable

Le mur ou la peinture séparée d’avec elle-même

L'immobile intranquillité de Jésus

Bacchanales

La conjoncture, forme supérieure de la conjonction

L'oeil du diadème

La Loire

La barque bien menée

La réinvention de Gradiva

Le bout du monde

L’ange, comme en retrait

Le spectacle est aussi dans la salle

D’impassibles machines

Le surréalisme souriant de René Rimbert

La pesanteur et la grâce

Chambre avec vue sur rien

Surprise

Abscisses et ordonnées

Le bout du monde

Le testament d'Orphée

Ligéria ou le lit du fleuve

Soleil noir

Algorithme

Basse tension

Un tableau vivant

2500 ans avant le cinéma

La lune décrochée

La pesanteur et la grâce

Une bien profane icône

Une carte postale avant la lettre

Austère et jubilatoire

Le noeud rose

Entre-deux

Le mille-têtes

Le livre qui tombe

L'étendue du désastre

Du physique au méta-physique

par Pierre fresnault-Deruelle


« Je connais un homme en Christ qui a été ravi jusqu’au Troisième ciel, soit en corps soit en esprit, Dieu le sait ; mais je sais bien que cet homme a été ravi jusqu’au paradis et a ouï des mystères ineffables qu’il n’est pas permis a l’homme de dire ». Tels sont les mots que Paul, parlant de soi-même, prononce dans sa seconde Epître aux Corinthiens ( chap 12).

De fait, Il est formidable ce ravissement de saint-Paul, qui apparaît au croyant comme le pendant de sa révélation sur le chemin de Damas (alors qu’il persécute les chrétiens), chemin où l’homme, littéralement, va se trouver atterré. Comme le texte sacré auquel elle réfère, la toile de Poussin est ambiguë à souhait : vision ou prodige? Quoi qu’il en soit, si l’homme des Epîtres s’arrache à sa condition terrestre, il n’est pas exagéré de dire que le spectateur éprouve, lui aussi, quelque chose de ce ravissement. Non qu’à l’instar de saint-Paul l’amateur se sente transporté par la puissance divine, mais parce que l’art bouleverse, manifestant, ici, avec une maestria hors pair, l’idée de transcendance. La posture des personnages, procède à la fois des scénographies baroques, déployées aux plafonds des palais romains (à l’ombre desquels Poussin brosse ses toiles), et des machineries d’opéra, capables d’élever, dans les airs, dieux et héros. Le rouge -dense – de la tunique de Paul ou l’orange – éclatant – de la robe de l’ange devraient peser plus lourd que le bleu, le mauve ou le gris floconneux des nuées ; or, il se trouve que ces plages de couleurs vives voient leur « poids » allégé par le mouvement rayonnant des bras et des ailes du groupe en pleine ascension. Soudain congédiée, la pesanteur laisse place à la grâce, le disegno sculptural au feu du coloris.

On sait ce qu’il en est de la « magnification » grâce à laquelle certains personnages peints accèdent à l’ultra-monde où les corps, libérés des servitudes de l’incarnation, évoluent dans l’éther. Cadré  da sotto in sù,l’ « arrachement » de Paul se donne évidemment comme une vision, mais aussi comme une image qui restituerait scrupuleusement l’aspect des volumes dans un espace très maîtrisé : la plastique est au service du surnaturel. Nicolas Poussin subjugue, en nous montrant ce moment où le saint homme passe de la sphère physique à celle de la « méta-physique ». Comment ne pas remarquer, en effet, que le cadre de la scène, dans sa partie basse, est fait de piliers référant à quelque temple, alors que, dans le haut de la toile, les vapeurs d’orage ont définitivement gagné sur la pierre, partant sur la topographie que matérialise l’architecture palatiale ?

La perspective, neutralisée au fur et à mesure que l’on s’élève dans la « géographie » du tableau, laisse toute sa place à la contiguïté active des formes-couleurs « au travail » dans le groupe céleste.Extatiques, et comme aspirés par le vent Paraclet, les personnages, qu’un ¦il distrait pourrait croire trivialement agglutinés, disent, au contraire, la gloire de l’émancipation. Un détail, cependant, pique l’attention : la jambe gauche de Paul est particulièrement pendante. Le Brun émet à cet égard l’idée que l’homme trahirait ainsi son « penchant » pour la vie charnelleŠ Quant à l’ordre « mondain » et ses étagements réglés, tels que l’exprime le paysage du bas de l’image, ils ne sont donnés que pour mémoire.

Pas tout à fait cependant. La disposition et la composition d’une nature morte – un livre et une épée posés sur le sol – retiennent l’attention. Que faut-il voir dans ces deux objets ? L’épée, d’évidence est celle par laquelle Paul, futur martyr de la jeune chrétienté, annonce sa décapitation, à Rome ; le livre ; pour sa part, est plus difficile à interpréter. S’agit-il de la réunion des Epîtres que Paul ne cessa d’envoyer aux communautés qu’il visitait (les Thessaloniciens, les Ephésiens, les Corinthiens, Les Galates, etc.)? Ou bien – l’épée maintenant le livre fermé – s’agit-il de l’ Ancien Testament , que Paul, juif converti, commence de délaisser au nom de la Nouvelle Alliance.

Auteur : Pierre fresnault-Deruelle

BIOGRAPHIE

Pierre Fresnault-Deruelle est ex-Professeur à Paris 1 (sémiologie de l’image). Il est  désormais membre coopté  du groupe INTRU (Interactions, transferts, ruptures  artistiques et culturels) de l’Université François –Rabelais de Tours.  Il a  fondé le MUCRI en 1999, écrit une vingtaine de livres, dont L’éloquence des images, PUF, 1993,  Intelligence des affiches,  Editions Pyramyd, 2011, Hergéologie, Presses universitaires François-Rabelais,  2013. Il prépare une livre sur Edgar-Pierre jacobs et un autre sur l’iconographie politique.

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