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Basse tension

par Pierre Fresnault-Deruelle

Basse tension
  • Titre de l'oeuvre: Giro
  • Artiste: Eva Kunze
  • Date: 1981
  • Type: Pastel
  • Dimension: 34 x 24 cm
  • Localisation: Collection particulière
  • Crédit de l'image: Cliché par courtoisie de l'auteur ©E. Kunze

BIOGRAPHIE

Pierre Fresnault-Deruelle est ex-Professeur à Paris 1 (sémiologie de l’image). Il est  désormais membre coopté  du groupe INTRU (Interactions, transferts, ruptures  artistiques et culturels) de l’Université François –Rabelais de Tours.  Il a  fondé le MUCRI en 1999, écrit une vingtaine de livres, dont L’éloquence des images, PUF, 1993,  Intelligence des affiches,  Editions Pyramyd, 2011, Hergéologie, Presses universitaires François-Rabelais,  2013. Il prépare une livre sur Edgar-Pierre jacobs et un autre sur l’iconographie politique.

PAR LE MêME AUTEUR

Un ukiyo-é occidental

Cet inaudible cri qui nous assaille

Préséances

Le cubo-futurisme jazzy de Demuth

L’esprit des salons

L'embrasure fait le spectacle

Un balcon sur la mer

La cécité d’Holopherne

Lamento

Contrepoint

Photographie peinte

Une vaste salle d’attente

Une impassabilité de façade

Le grand absent

Cette jambe qui dépasse

Un éloge en forme d’ "icone"

Le gandin mélancolique

La couleur du temps

La diagonale

L’instant qui conte

Pas la vue, la vision : l’entrevision même

La laideur n’est pas inéluctable

Le mur ou la peinture séparée d’avec elle-même

L'immobile intranquillité de Jésus

Bacchanales

La conjoncture, forme supérieure de la conjonction

L'oeil du diadème

Du physique au méta-physique

La Loire

La barque bien menée

La réinvention de Gradiva

Le bout du monde

L’ange, comme en retrait

Le spectacle est aussi dans la salle

D’impassibles machines

Le surréalisme souriant de René Rimbert

La pesanteur et la grâce

Chambre avec vue sur rien

Surprise

Abscisses et ordonnées

Le bout du monde

Le testament d'Orphée

Ligéria ou le lit du fleuve

Soleil noir

Algorithme

Un tableau vivant

2500 ans avant le cinéma

La lune décrochée

La pesanteur et la grâce

Une bien profane icône

Une carte postale avant la lettre

Austère et jubilatoire

Le noeud rose

Entre-deux

Le mille-têtes

Le livre qui tombe

L'étendue du désastre

Basse tension

par Pierre Fresnault-Deruelle


Eva Kunze a procédé à un regroupement improbable d’objets. Posés sur un grand carton qu’une ficelle enserre verticalement et horizontalement, ces objets disent la relégation des choses désaffectées. Si l’on subodore, pourtant, que ces dernières ont été choisies pour leur forme ou leur couleur, il reste que ces objets ne forment ni une famille, à la manière de Giorgio Morandi, ni un ensemble explicitement apprêté comme chez Georges Rohner.

Nous ne sommes plus, ici, aux confins du monde, là où gronde encore vaguement la peinture d’histoire, mais, plus prosaïquement, en présence de choses en mal de rangement. Du moins, c’est ce qu’il semble. Car l’œil a tôt fait de repérer dans ce bric-à-brac les marques de la plus subtile des compositions. Notons à ce propos que les tons locaux ont un velouté sans pareil, dus au traitement du pastel que des zones de luisance rehaussent d’éclats assagis.

Mentionnons également que le registre chromatique n’est pas très éloigné des dessinateurs de « la ligne claire », tels Hergé, ou Jacobs, dont les gammes de liaison, faites de vert, de beige ou de violet, modulent la quadrichromie, allant jusqu’à faire de celle-ci un monde homogène à l’abri de la corruption. Bref, la rigueur des Puristes, comme Jeanneret et Ozenfant, retrouve ici le moelleux de Chardin.

L’idée nous vient soudain que la hiérarchie des items représentés – les objets / le carton – n’est pas nécessairement celle qu’on pense ni même si cette hiérarchie est une distinction bien pertinente. Pourquoi, après tout, ne pas voir dans l’exposition des objets sur le carton la raison d’être de ce dernier ? L’hyperréaliste gaufrage dudit carton, en effet, est un stupéfiant « morceau de peinture ». Sans doute, n’est-il pas inutile d’ajouter que le mot giro signifiant « tour » en italien, imprimé sur le paquet, dit peut-être que la hiérarchie signalée il y a un instant est renversable : la lettre O de giro n’est-elle pas, à cet égard, en train de rouler sur elle-même ?

Ce bric-à-brac (qui est au cercle domestique ce que la banlieue est à la ville chez Léo Heinquet) nous charme pour d’autres raisons encore. Bien que contemporain, on dirait que le modeste arrière monde d’Eva Kunze se trouve recouvert d’une fine pellicule de poussière. Comme si cet « ici et maintenant » n’avait pu être fixé qu’au prix d’une atténuation de sa vitalité. Ce qui est le propre d’une visée « méta-physique ». La discrétion remarquable de ce petit désordre d’objets baignant dans la lumière spéciale d’un recoin rappelle, il est vrai, certaines vanités de l’âge baroque. L’éloquence de notre artiste vise juste : la « vie coite » qu’elle nous offre a l’intensité basse des euphémismes.

La fragile beauté du monde dans trois fois rien.

Auteur : Pierre Fresnault-Deruelle

BIOGRAPHIE

Pierre Fresnault-Deruelle est ex-Professeur à Paris 1 (sémiologie de l’image). Il est  désormais membre coopté  du groupe INTRU (Interactions, transferts, ruptures  artistiques et culturels) de l’Université François –Rabelais de Tours.  Il a  fondé le MUCRI en 1999, écrit une vingtaine de livres, dont L’éloquence des images, PUF, 1993,  Intelligence des affiches,  Editions Pyramyd, 2011, Hergéologie, Presses universitaires François-Rabelais,  2013. Il prépare une livre sur Edgar-Pierre jacobs et un autre sur l’iconographie politique.

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