Your browser does not support JavaScript!
Logo Mucri
↑
Faire une recherche dans le site Mucri
Logo Mucri
  • Accueil
  • À propos
  • Contribuer

La conjoncture, forme supérieure de la conjonction

par Pierre Fresnault-Deruelle

La conjoncture, forme supérieure de la conjonction
  • Titre de l'oeuvre: La présentation de la vierge au temple
  • Artiste: Nicolas Dipre
  • Date: fin XVème
  • Type: Huile sur bois
  • Dimension: 31,5 x 50 cm
  • Localisation: musée du Louvre - Paris
  • Crédit de l'image: ©musée du Louvre – A.Dequier/M. Bard

BIOGRAPHIE

Pierre Fresnault-Deruelle est ex-Professeur à Paris 1 (sémiologie de l’image). Il est  désormais membre coopté  du groupe INTRU (Interactions, transferts, ruptures  artistiques et culturels) de l’Université François –Rabelais de Tours.  Il a  fondé le MUCRI en 1999, écrit une vingtaine de livres, dont L’éloquence des images, PUF, 1993,  Intelligence des affiches,  Editions Pyramyd, 2011, Hergéologie, Presses universitaires François-Rabelais,  2013. Il prépare une livre sur Edgar-Pierre jacobs et un autre sur l’iconographie politique.

PAR LE MêME AUTEUR

Un ukiyo-é occidental

Cet inaudible cri qui nous assaille

Préséances

Le cubo-futurisme jazzy de Demuth

L’esprit des salons

L'embrasure fait le spectacle

Un balcon sur la mer

La cécité d’Holopherne

Lamento

Contrepoint

Photographie peinte

Une vaste salle d’attente

Une impassabilité de façade

Le grand absent

Cette jambe qui dépasse

Un éloge en forme d’ "icone"

Le gandin mélancolique

La couleur du temps

La diagonale

L’instant qui conte

Pas la vue, la vision : l’entrevision même

La laideur n’est pas inéluctable

Le mur ou la peinture séparée d’avec elle-même

L'immobile intranquillité de Jésus

Bacchanales

L'oeil du diadème

Du physique au méta-physique

La Loire

La barque bien menée

La réinvention de Gradiva

Le bout du monde

L’ange, comme en retrait

Le spectacle est aussi dans la salle

D’impassibles machines

Le surréalisme souriant de René Rimbert

La pesanteur et la grâce

Chambre avec vue sur rien

Surprise

Abscisses et ordonnées

Le bout du monde

Le testament d'Orphée

Ligéria ou le lit du fleuve

Soleil noir

Algorithme

Basse tension

Un tableau vivant

2500 ans avant le cinéma

La lune décrochée

La pesanteur et la grâce

Une bien profane icône

Une carte postale avant la lettre

Austère et jubilatoire

Le noeud rose

Entre-deux

Le mille-têtes

Le livre qui tombe

L'étendue du désastre

La conjoncture, forme supérieure de la conjonction

par Pierre Fresnault-Deruelle


« Il y a beaucoup plus de mystère dans l’ombre d’un homme qui marche au soleil que dans toutes les religions du passé, du présent et du futur ».
G. de Chirico

Ce fragment de prédelle fait système avec deux autres moments de la vie d’Anne et de Joachim : La Rencontre de la porte Dorée et La Naissance de la Vierge. L’ensemble, tiré des Evangiles apocryphes, fait donc de La Présentation de la Vierge au temple l’ultime épisode de la vie de Marie avant que le cours de celle-ci ne soit pris en relais par saint Luc.

L’arc double, courbe et contre-courbe, qui constitue le bord supérieur de chacun des éléments de ce triptyque, nous mène à penser que ces panneaux fonctionnent comme autant d’accolades sous la « juridiction » desquelles s’exposerait le spectacle d’un regroupement inouï (le fait est patent dans La Rencontre de la porte Dorée). Avec la Présentation de la Vierge au temple, c’est pourtant d’une séparation qu’il s’agit, puisque Marie, qui vient de quitter ses parents (le domaine familial), monte vers le grand prêtre (la loi du Temple) qui l’attend dans l’encadrement du porche, avec son air de commandeur. Que l’itinéraire de Marie soit matérialisé par une volée de marches (comme plus tard chez Titien ou Luca Giordano) n’est, évidemment, pas chose indifférente. Alors qu’un cheminement plat n’eût constitué qu’un lien neutre, l’échelle de pierre s’érige ici en une véritable machine symbolique.

Au mitan de l’escalier, la petite fille adresse un signe d’intelligence à ses parents venus l’accompagner. Le geste de Marie, expressément souligné par l’ombre portée- une des toutes premières de l’histoire de la peinture des temps modernes, marque qu’un « tournant » vient d’être pris. La vérité de la situation n’échappe pas à Anne chez qui s’esquisse la marque d’une secrète inquiétude. En fixant l’énigmatique ouverture ménagée au delà du pilier, à droite, Anne prévoirait-elle quelque « péripétie » majeure pour sa fille? La disposition de la fillette dans l’économie générale du tableau donne, à cet égard, matière à réflexion : en tangence avec l’orbe lumineuse (prolongée par le bas de sa robe) qui mène au seuil de la porte qu’on a dite, l’enfant est à la croisée de chemins dont l’escalier ne serait que la part visible. Encore inscrite dans l’ancien ordre des choses (à n’en pas douter Marie va finir de gravir les marches), la jeune fille s’est donc arrêtée un instant, qui nous laisse deviner, grâce à son ombre « descendante », qu’un temps s’achève. De fait, l’astre du Novum, déjà, s’est levé.

Plastiquement parlant, l’escalier présente des caractéristiques si particulières qu’on se demande s’il n’est pas le véritable protagoniste du tableau et, au-delà, le chiffre même de la Peinture. Avec cet escalier trop sophistiqué pour ne pas introduire quelque accent « surréaliste » , Nicolas Dipre s’ingénie, en effet, à créer les conditions d’une Conjoncture où, ce qu’on aurait pu prendre pour du fortuit, bat en retraite devant le « tout ensemble » du tableau. Peindre, d’une façon générale, n’est-ce pas rassembler en une seule unité des composants que tout sépare ? La découpe en forme d’accolade du bord supérieur de l’image n’a, décidément, rien de gratuit.

Que penser, à cet égard, de l’immense production picturale où les artistes, obnubilés par la recherche de configurations suffisamment explicites, déclinèrent, des siècles durant, ces artefacts « syntaxiques » que sont les ponts, couloirs, galeries, passages en tous genres, destinés à faire se rejoindre ce qui n’avait pas, apparemment, vocation à l’être ? Emblématique de la figuration narrative, dans la mesure où l’escalier se veut le lien entre un « amont » et un « aval », ce tableau se donne comme le modèle de toute récitation peinte.

Par où l’architecture, telle qu’elle se déploie sur la toile, œuvrerait à ce que son parcours (percursus) se confonde avec le discours (discursus) censément tenu par l’artiste.

Auteur : Pierre Fresnault-Deruelle

BIOGRAPHIE

Pierre Fresnault-Deruelle est ex-Professeur à Paris 1 (sémiologie de l’image). Il est  désormais membre coopté  du groupe INTRU (Interactions, transferts, ruptures  artistiques et culturels) de l’Université François –Rabelais de Tours.  Il a  fondé le MUCRI en 1999, écrit une vingtaine de livres, dont L’éloquence des images, PUF, 1993,  Intelligence des affiches,  Editions Pyramyd, 2011, Hergéologie, Presses universitaires François-Rabelais,  2013. Il prépare une livre sur Edgar-Pierre jacobs et un autre sur l’iconographie politique.

PAR LE MêME AUTEUR

Un ukiyo-é occidental

Cet inaudible cri qui nous assaille

Préséances

Le cubo-futurisme jazzy de Demuth

L’esprit des salons

L'embrasure fait le spectacle

Un balcon sur la mer

La cécité d’Holopherne

Lamento

Contrepoint

Photographie peinte

Une vaste salle d’attente

Une impassabilité de façade

Le grand absent

Cette jambe qui dépasse

Un éloge en forme d’ "icone"

Le gandin mélancolique

La couleur du temps

La diagonale

L’instant qui conte

Pas la vue, la vision : l’entrevision même

La laideur n’est pas inéluctable

Le mur ou la peinture séparée d’avec elle-même

L'immobile intranquillité de Jésus

Bacchanales

L'oeil du diadème

Du physique au méta-physique

La Loire

La barque bien menée

La réinvention de Gradiva

Le bout du monde

L’ange, comme en retrait

Le spectacle est aussi dans la salle

D’impassibles machines

Le surréalisme souriant de René Rimbert

La pesanteur et la grâce

Chambre avec vue sur rien

Surprise

Abscisses et ordonnées

Le bout du monde

Le testament d'Orphée

Ligéria ou le lit du fleuve

Soleil noir

Algorithme

Basse tension

Un tableau vivant

2500 ans avant le cinéma

La lune décrochée

La pesanteur et la grâce

Une bien profane icône

Une carte postale avant la lettre

Austère et jubilatoire

Le noeud rose

Entre-deux

Le mille-têtes

Le livre qui tombe

L'étendue du désastre

ARTICLES CONNEXES

Aller retour

Vertiges de l’abîme

L’esprit du pinceau

L’étendue du désastre

Le livre qui tombe

Le mille-têtes

Entre-deux

Le noeud rose

Austère et jubilatoire

Une carte postale avant la lettre

Une bien profane icône

La pesanteur et la grâce

La lune décrochée

2500 ans avant le cinéma

Un tableau vivant

Basse tension

Algorithme

Soleil noir

Ligéria ou le lit du fleuve

Le testament d’Orphée

MUCRI

Université Paris 1, UFR 04,
53 rue des Bergers,
75015 Paris
Plan du site

  • Plan du site
  • Mentions légales
  • Crédits
  • Univ. Paris 1
  • MMI