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La musique de Cézanne

par Jean Arrouye

La musique de Cézanne
  • Titre de l'oeuvre: Le bassin du Jas de Bouffan
  • Artiste: Paul Cézanne
  • Date: 1878
  • Type: Huile sur toile
  • Dimension: 52,5 x 56 cm
  • Localisation: coll. Corine Cuellar
  • Crédit de l'image: ©Hermitage Museum

BIOGRAPHIE

Biographie à venir

PAR LE MêME AUTEUR

Le sablier

Retour de Cythère

La porte

Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa

Un manifeste de la modernité

Un retable très rhétorique

De nulle part

Intérieur de manoir

Une allégorie réaliste

Edward Steichen

Bord de Seine

Le crystal Palace

Rue à Rome

"Le docteur Péan opérant à l'hôpital Saint-Louis"

Un bouquet

Paysage anti-orientaliste

Un enchantement chromatique

L'échiquier de la vie

La chapelle des capucins

À voir et entendre

Photo de famille

Le dessin et la couleur ne sont pas distincts

Le ruisseau ironique

Violences imaginaires

Un volcan de rêve

Parodie

Donner à voir le silence

Eruption du Vésuve

La musique de Cézanne

par Jean Arrouye


Le bassin du Jas de Bouffan en hiver, est divisé en deux par le tronc mince d’un arbre (dont Cézanne a simplifié la ramure pour que le partage du tableau soit plus équilibré) prolongé vers le bas par son reflet dans les eaux immobiles du bassin. Dans cette étude d’après nature, comme disait Cézanne, deux modes de traitement du réel sont opposés.
La partie gauche est principalement occupée de bâtiments, maison, grange, appentis, murets. L’articulation de leurs formes géométriques simplifiées structure tout l’espace, y compris les intervalles entre les constructions ; l’orthogonalité règne. Là où cette organisation rigoureuse risque de se relâcher, dans le bassin, Cézanne n’hésite pas à corriger la nature, y situant le reflet de la maison qui en réalité est trop éloignée pour qu’elle puisse s’y mirer.
La partie droite, par contraste, paraît vide. Pas de bâtiments. Les murets qui courent au-dessus du bassin sont peints dans des tons qui les font se confondre avec le sol voisin. C’est l’étendue qui est ici le sujet : la représentation du terrain, composé de bandes de terre labourée et d’herbage alternées et de semblable largeur, obliques parce qu’en pente, glisse à l’abstraction. A part trois arbustes, dont deux réduits à leur tronc, devenus simples traits noirs, rien n’est véritablement identifiable dans ce paysage, car il ne s’agit plus de décrire, mais de noter une cadence, un effet visuel qui, correspondance baudelairienne aidant, peut passer pour musical. Au-dessus le ciel pommelé accompagne de ses pizzicati blancs le scherzo ocre et vert des champs ; au-dessous, dans le miroir d’eau, le monde s’abstrait encore plus, andantissimo.

Ce sont évidemment deux conceptions différentes de l’organisation du paysage qui sont ainsi mises en regard : l’une, constructiviste, ramène le réel à l’agencement stable de formes géométriques simples ; l’autre, abstractisante, découvre dans la nature des rythmes et des accords qui en dynamisent la représentation. Dans cette oeuvre-carrefour sont spéculativement confrontés les deux modes que Lawrence Gowing reconnaît comme constitutifs des recherches cézanniennes : «le traitement linéaire et la mobilité rythmique qui tout au long de son oeuvre alternent avec le principe de stabilité» . D’une part cela donnera les prismatiques Vues de Gardanne et la Sainte-Victoire vue des environs de Gardanne avec son hameau aux maisons cubiques imbriquées, d’autre part les Grands arbres du Jas de Bouffan aux branches eurythmiques et les scansions de Rocher et branches à Bibémus. Toutefois dans les deux cas, plus austère ici, plus lyrique là, c’est l’harmonie que recherche Cézanne. La découvrir suppose de remédier à la confusion des apparences du monde réel, d’en simplifier l’organisation visuelle.
Cette simplification est encore plus poussée dans le miroir du bassin, au bas du tableau ; le monde y est épuré des scories des détails, allégé du poids des ombres ; eau restreinte et ciel démesuré s’y marient, proche et lointain s’y accordent dans la complémentarité des couleurs. En cela le paysage d’eau est comme le tableau peint : il redouble le monde en le transformant ; les choses n’y sont plus ce qu’elles sont dans la réalité, disparates ; elles y paraissent accordées substantiellement.

Auteur : Jean Arrouye

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